Chansons de l'Exil en Provence
Aurora
Gloria al bravo pueblo : Hymne national venezuelien
En Venezuela Chanson de mon père Duemete mi nińa Adios Mari Positas

Chansons du Venezuela

Venezuela

Propos recueillis par Marie d'Hombres

Aurora est arrivée en France en juin 2015, avec son mari, un musicien français vivant au Venezuela depuis plus de neuf ans et qu’elle a connu à Caracas. Fils unique, revenu au pays pour se rapprocher de sa mère, il s’est installé avec sa femme et sa fille à Gardanne.

Prothésiste dentaire, danseuse et issue d’une grande famille de musiciens, Aurora tente à son tour de se trouver une place loin des siens, de sa culture, de la musique. Dans son récit, elle évoque deux piliers de la musique vénézuélienne : le Grupo Madera, créé par sa famille et El Sistema, fondé en 1975 par Jose-Antonio Abreu pour former à la pratique orchestrale tous les enfants du pays, notamment ceux issus de milieux défavorisés. Dès l’âge de deux ou trois ans, ceux-ci ont la possibilité d’intégrer un orchestre et d’être formés à un instrument. Financé aujourd’hui par les fonds publics, El sistema est désormais un modèle d’apprentissage musical dans le monde et a permis l’émergence de très grands chefs d’orchestre.

Elle chante plusieurs chansons au cours des entretiens que nous avons ensemble. Certaines sont des comptines pour enfants, d'autres sont des chants d’exil, qui parlent de séparation et de départ soulevant une immense vague d’émotion et de nostalgie. Avec son époux, Gilles, elle chante l’hymne national puis deux chansons extrêmement populaires au Vénézuela : Alma Llanera, valse en trois temps qui clôt les fêtes et les bals et Venezuela, qui évoque la beauté du pays.

 

« Je vis à Gardanne depuis le mois de juin 2015. Mon mari est fils unique, comme moi. Il est musicien, saxophoniste. Au Vénézuela, il jouait beaucoup et nous nous sommes connus puis mariés là-bas. Nous avons une petite fille, qui a quatre ans. Comme sa maman vit seule, il a préféré revenir ici pour être à côté d’elle. Je comprends. Maintenant, c’est moi qui quitte ma mère. Ce n’est pas facile. Au Vénézuela, tout est différent: la politique, la culture ; dans les écoles, les enfants commencent très tôt la musique, mais ici, par exemple, ce n’est pas possible, on m’a expliqué que ma fille était trop jeune.

J’ai grandi à Caracas et j’ai passé toute ma vie dans le même quartier, près de ma mère.(...)

Au Vénézuela, il existe un projet - El Sistema - qui consiste à apprendre la musique aux enfants dès l’âge de deux ans. Gratuitement. Tous ces projets musicaux gratuits manquent à ma fille en France. Là-bas, elle faisait partie de l’orchestre El Sistema. Elle adore danser et chanter.

Mon père est chanteur et compositeur. Dans ma famille, il y a beaucoup de musiciens, surtout des percussionnistes. Du côté paternel, il y a cinq garçons et une fille. Ma tante est choriste. Mes deux oncles les plus âgés étaient musiciens; En 1981, ils sont partis donner un concert en Amazonie et sont décédés dans un accident de bateau. Derrière eux, ils ont laissé beaucoup de chansons et de morceaux de percussion afro-caraibéens. à leur suite, leurs frères ont voulu faire vivre leurs chansons et leur projet. Ils ont créé le grupo Madera et ont continué le projet.

Des comptines dont vous vous souvenez ?

Il y a une chanson pour apprendre les palmas. Et une comptine pour s’endormir : Duermete minińa. Et puis il y a aussi Adios Maripositas que me chantait ma mère pour m’endormir…

Gilles : «à l’origine, Duermete minińa était une chanson révolutionnaire ancienne datant de l’époque coloniale espagnole. Au début du dix-neuvième siècle, l’Espagne régnait sur la Grande-Colombie qui comprenait l’actuelle Colombie, le Pérou, la Bolivie, l’Equateur et le Vénézuela. La chanson était interdite et les paroles furent transformées en berceuse par les femmes qui les chantaient aux enfants... Ainsi, la mélodie restait...

Cette chanson a ensuite été réhabilitée après l’indépendance et en 1881, elle est devenue l’hymne national vénézuélien : Gloria al bravo pueblo - Gloire au peuple courageux. C’est la même mélodie que pour la berceuse, mais chantée avec un peu plus de vigueur. (...) »

 

 

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