Boulevard Bonne Nouvelle
par Raymonde
 

J’l’avais rencontré bvd Bonne nouvelle

Il pleuvait très fort, je lui offris mon bras

«Volontiers, Monsieur, me répondit-elle

Ma foi, quand il pleut, ça n’se refuse pas.»

J’écoutais ravi ses gais bavardages

Pour le lendemain, on prit rendez-vous,

Au bout de quelque temps,

Je l’aimais comme un fou.

Elle m’adorait, ce fut le ...

Et le soir, dans ses bars,

j’oubliais là chagrins et tristesses

Et comme dessert souvent,

Nous avions seulement

Rien que des caresses.

Je lui disais «mamour,

Oui tu seras toujours

Ma petite maitresse

Car ton sourire vermeil

Est un rayon de soleil

Pour ma jeunesse.»

 

Tout a une fin,

surtout les tendresses

Mon père un matin

s’en vint à Paris.

«Comment, me dit-il

T’as une maitresse

Faut partir d’ici»

...

C’est une ouvrière

Avec un trottin

Toi, futur docteur»

Je tâchais d’expliquer

Que j’écoutais mon cœur

«Dans la vie, me dit-il,

Le cœur n’a rien à faire»

 

Elle me dit, il faut partir

J’peux pas te retenir

La fête est finie.

Je ne suis qu’un trottin,

mais va, je t’aimais bien

Plus que toute ma vie.

Heureux de son pardon,

Je quittais la maison

Sans tristesse aucune

Me disant en secret pour l’oublier

Je vais aimer une autre brune.

 

Dix ans sont passés,

Suis père de famille

Bon bourgeois rangé

Marié sans amour

D’un très riche voisin,

J’ai épousé la fille

 

Mais de ma maitresse,

je me souviens toujours

De passage à Paris,

je l’ai rencontrée

« Je te présente mon mari,

nous sommes très heureux »

Mais je vis des larmes

perler dans ses yeux

Puis elle disparut

Dans la foule pressée

 

Et tout seul en ce jour

Sans joie sans amour

Je pense à ma mie.

Par un soir de printemps,

En la quittant , j’ai bêtement

Brisé ma vie.