Quand Madeleine à son amant
apprit qu’elle allait être mère
il l’embrassa bien tendrement
en lui disant «ce n’est pas une affaire.
Nous ne sommes pas riches, tu le sais bien
je travaillerai davantage
afin que le p’tit gosse qui vient
trouve tout ce qu’il faut dans notre ménage».
à présent, ils se sont mariés
Ce fut le bonheur sans partage
Mais les camarades d’atelier
Le détournèrent de son ouvrage.
à présent, il fréquente les bars
Et le samedi, Madeleine,
avec sa fille attend très tard
ce qu’il reste de la quinzaine
L’enfant veut aller au dodo
mais sa mère lui dit le cœur gros :
« Petite poupée, Ô fillette aimée,
tout à l’heure, papa va rentrer.
S’il est en colère, il faudra nous taire
Et surtout ne pas le contrarier.
Quand il déraisonne, ton père, ma mignonne,
ne sait pas ce qu’il nous fait pleurer. »
La porte s’ouvre, le voici,
« Donne-moi ta paye », lui dit Madeleine
« De l’argent ? Ah non mais chez qui ?»
dit-il dans un geste de haine.
« Ah non, papa, lui dit l’enfant
voyant qu’on va battre sa mère
bats moi puisque t’es si méchant
mais ne touche pas à ptite mère. »
Alors dégrisé maintenant,
c’est lui qui pleure devant son enfant
«Petite poupée, ô fillette aimée,
j’ai eu tort, il faut me pardonner.
Je vous ai fait de la peine, ô pardon Madeleine,
en souvenir des beaux jours passés,
je sens, ta main tremble, va, restons ensemble,
jamais plus je ne vous ferai pleurer.»