Petite poupée
par Raymonde
 

Quand Madeleine à son amant

apprit qu’elle allait être mère

il l’embrassa bien tendrement

en lui disant «ce n’est pas une affaire.

Nous ne sommes pas riches, tu le sais bien

je travaillerai davantage

afin que le p’tit gosse qui vient

trouve tout ce qu’il faut dans notre ménage».

à présent, ils se sont mariés

Ce fut le bonheur sans partage

Mais les camarades d’atelier

Le détournèrent de son ouvrage.

à présent, il fréquente les bars

Et le samedi, Madeleine,

avec sa fille attend très tard

ce qu’il reste de la quinzaine

L’enfant veut aller au dodo

mais sa mère lui dit le cœur gros :

« Petite poupée, Ô fillette aimée,

tout à l’heure, papa va rentrer.

S’il est en colère, il faudra nous taire

Et surtout ne pas le contrarier.

 

 

Quand il déraisonne, ton père, ma mignonne,

ne sait pas ce qu’il nous fait pleurer. »

La porte s’ouvre, le voici,

« Donne-moi ta paye », lui dit Madeleine 

« De l’argent ? Ah non mais chez qui ?»

dit-il dans un geste de haine.

« Ah non, papa, lui dit l’enfant

voyant qu’on va battre sa mère

bats moi puisque t’es si méchant

mais ne touche pas à ptite mère. »

Alors dégrisé maintenant,

c’est lui qui pleure devant son enfant

«Petite poupée, ô fillette aimée,

j’ai eu tort, il faut me pardonner.

Je vous ai fait de la peine, ô pardon Madeleine,

en souvenir des beaux jours passés,

je sens, ta main tremble, va, restons ensemble,

jamais plus je ne vous ferai pleurer.»