Chansons de l'Exil en Provence
Sreypeou
Chanson traditionnelle du Cambodge
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Chansons du cambodge

Comme au karaoké

Propos recueillis par Marie d'Hombres

 

Arrivée en France il y a seize ans et Gardannaise depuis deux ans, Sreypou, d’origine cambodgienne vit avec ses trois enfants et sa maman. Son mari, également originaire du Cambodge est décédé récemment.

La plupart des chansons reprises par Sreypou sont contemporaines, elle les a écoutées et apprises sur internet. Ensemble, nous regardons la vidéo initiale sur la toile : les images et les mots défilent. Puis Sreypeou coupe le son et chante en suivant le texte. sa voix pure et limpide s’élève dans la pièce ; un nuage de grâce et de légèreté.

Chanter quand tout va bien et chanter aussi quand ça va mal, pour aller mieux, c’est ce que propose Sreypeou.

 

« Depuis que je suis toute petite, j’aime chanter. Ma mère aussi chante beaucoup, mais elle est très timide et elle a toujours honte de chanter en public. On l’entend seulement dans la maison! Mes enfants préfèrent le français, ils n’ont pas envie de chanter en cambodgien. Quand je leur parle dans ma langue, ils me répondent en français! Ils trouvent que le cambodgien est difficile à apprendre. Pour moi, c’est l’accent français qui est dur, surtout certaines sonorités. Par exemple, dans le mot « gorge », moi je dis « gor » et il faut que je m’applique pour prononcer « gor-ge ». Mes enfants me corrigent quand ce n’est pas correct, je le leur demande. Et quand on ne me comprend pas, je fais aussi des signes!

Dans quelle langue pensez-vous?

En cambodgien et français. Les deux! J’ai très envie de parler français.

Depuis votre arrivée en France, êtes-vous retournée au Cambodge?

Oui, plusieurs fois. Mes enfants voudraient qu’on parte en vacances là-bas, mais depuis 2012, on n’y est pas allé car mon mari était malade et les billets sont très chers. Ma famille vit toujours au Cambodge : mon frère, ma soeur, mon père; mais ma mère est venue ici pour m’aider. J’ai pu obtenir le visa pour elle, c’était très long; il y a eu au moins trois refus avant que sa demande soit acceptée. Avant, c’était plus facile de venir; moi, je n’ai pas eu de difficultés.

Qu’est-ce qui a fait que vous êtes venue? Aviez vous de la famille ici?

Au Cambodge, j’habitais Batamba, une ville grande comme Marseille et une de mes voisines est partie en France. Alors quand j’ai décidé de venir, c’est elle qui m’a accueillie, à Lyon. Mon mari vivait déjà en France; quand il est venu en vacances, il m’a vue. Puis je suis partie chez ma voisine et ensuite, je me suis mariée avec lui.

Vous chantez souvent?

Quand je suis contente, je chante. Et parfois, quand je suis triste, je chante pour être contente. Dans mon pays, il y a des karaoké dans toutes les maisons et lorsqu’il y a des invités pour le repas, on finit toujours par chanter avec le karaoké ! C’est le cas chez mon frère par exemple.

Regardez-vous souvent les informations, les chansons du Cambodge?

Avant de dormir, je regarde un peu le journal, et le week-end, j’écoute des chansons… J’aime bien les apprendre. Mais je ne connais pas vraiment de vieilles chansons... Ma mère oui, elle chante des chansons anciennes, toujours doucement, très doucement. Elle est très timide, elle a honte de sortir. Et on ne chante jamais ensemble.

Dans ces chansons anciennes que chante votre maman, il y en a une que vous aimez?

Il y en a une qui est normalement chantée par deux personnes : un garçon et une fille. Ils sont amoureux et le garçon amène sa copine se promener et faire une photo. Ma mère aime beaucoup. Moi, je la connais à moitié.

Une chanson que vous chantez à vos enfants?

Ma fille Solita me réclame souvent la même chanson, surtout avant de se coucher. Elle est à côté de moi et je chante pour qu’elle s’endorme. Solita aime danser et chanter. Son père aussi aimait chanter, et mon frère, ma maman, mon père. Toute la famille! Je suis née comme ça! Quand je cuisine, je chante; quand je lave, je chante.

Dans la maison de mon frère, il y a un petit karaoké et quand on se retrouve là-bas, on chante tous ensemble, sauf ma mère qui a honte!

Il n’y a pas beaucoup de sous dans ma famille. Nous sommes pauvres et depuis que je suis toute petite, je travaille pour aider mes parents. Je cultive le riz, je vends les fruits… La vie n’est pas facile là-bas. Si on va à l’école, il n’y a rien à manger, alors ma mère, toute seule, comment peut-elle faire? Donc on est allé à l’école jusqu’au niveau sixième, puis on a travaillé. Ma dernière soeur a pu continuer un peu, mais elle a dû s’arrêter parce que son école était trop loin et qu’on n’avait pas les moyens d’acheter une moto.

Y-a t-il des chansons que vous voudriez chanter?

Il y en a plusieurs que j’aime beaucoup. L’une est une chanson de noël qui parle d’amour : une fille et un garçon sont amoureux, puis le garçon ne l’aime plus et la fille a mal au coeur. C’est une chanson récente qui a six ou sept ans. Je l’ai trouvée sur internet, j’ai aimé. Une autre a pour titre éMoei Poan Ria Trai (les mille nuits) : elle raconte l’histoire d’une femme qui attend le retour de son ami : il est parti et lui a promis de revenir, mais il ne revient pas.

Toutes les chansons parlent d’histoires d’amour. Je les apprends en regardant le clip et en suivant les paroles, comme au karaoke.»

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