Chansons de l'Exil en Provence
Raymonde
Chanson espagnole (de ma grand-mère)
Quand j'étais petite fille Boulevard Bonne Nouvelle Petite poupée Chanson occitane Le petit ballon rouge L'étoile du Bon Dieu La chanson du cabanon

Chansons de France, de Provence, d'Espagne

Les chansons de mon père

Propos recueillis par Marie d'Hombres

Raymonde est née en janvier 1920.

Marseillaise depuis plusieurs générations, elle se souvient encore de chansons très anciennes que lui avait apprises son père. En cours d’entretien, elle entonne Petite poupée, évoquant une petite fille dont la maman, Madeleine, souffre de son mari qui dépense ses maigres revenus dans la boisson et ne ramène rien à sa famille.

A peine a-t-elle terminé qu’elle commence une nouvelle mélodie : « J’avais rencontré boulevard bonne nouvelle... » Il s’agit également d’une histoire d’amour datant de la fin du dix-neuvième ou du début du vingtième siècle. Elle met en scène la relation entre un homme et une femme de classes sociales différentes. Une chanson inédite, introuvable.

Joyeuse, Raymonde continue à ponctuer nos entretiens de nouvelles mélodies, elles lui reviennent soudainement, dans leur intégralité. La plupart sont de vieilles chansons marseillaises, mais l'une en espagnol et l'autre en catalan lui ont été transmises par sa grand-mère.

 

« Je chante quand j’ai envie. Depuis que je suis jeune, je chante. J'ai vécu à Marseille Saint-Henri, puis aux Milles, puis à Gardanne. J’ai passé ma jeunesse à Saint-Henri. On habitait un cabanon, à une minute de la mer. Depuis, ils ont construit de belles maisons, mais avant, il n’y avait que des petits cabanons accolés les uns aux autres.

J'ai appris à chanter avec mon père. Il chantait souvent, pour lui, dès qu’il en avait envie. Mon père était un vrai marseillais, un Français Marseillais né à Saint-Henri. Il s’appelait Ernest. à dix ans, il était orphelin ; c’est sa sœur qui l’a élevé. à dix-huit ans, pendant la première guerre mondiale, il gardait les prisonniers de guerre dans un sous-sol.

Mon père parlait toujours en provençal, parfois en français, mais il y avait toujours des mots en provençal dans ce qu’il disait. Moi aussi, je connaissais le provençal, et puis je l’ai perdu parce que je n’ai pas assez suivi la langue.

(...)

Maman était catalane, mais elle ne chantait pas. Elle travaillait à La Tuilerie. Moi aussi, j’ai travaillé à La Tuilerie. Et mon père, ma grand-mère aussi. Il y avait beaucoup d’ouvriers! Mon travail était de faire sécher les tuiles ; celui de ma mère de mettre la pâte dans la machine qui moulait les tuiles qu’il fallait faire sécher. à quatorze ans, juste après avoir passé mon certificat d’études, j’ai commencé à y travailler. Je transportais les tuiles posées sur des plateaux dans des brouettes. Ah, j’avais de la force et de la volonté !

Pourtant, à l’école, j’étais douée. Ecrire, j’aimais. Je ne faisais pas de faute et on me demandait : « Comment tu as fait ? » « Ma foi, je ne sais pas ». La peinture et la couture, ce n’était pas mon fort, c’est ça qui a fait baisser ma note de certificat, sinon, j’étais douée.

Je suis restée quelques années à la Tuilerie, puis je me suis placée chez des patrons : je servais, je faisais les commissions, je dormais sur place.

Ensuite, quand je me suis mariée, je ne dormais plus sur place ; j’allais et je venais. Et puis quand j’ai eu mes enfants, j’ai tout arrêté, je préférais les garder moi-même plutôt que de payer pour les faire garder…

(...) »

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